dimanche 19 janvier 2014

Anne Sylvestre

J'ai raté Léo Ferré, que je ne connaissais pas très bien, mais qui m'avait l'air d'un sacré bonhomme. J'avais pris un billet pour son dernier spectacle, pourtant. Mais il est mort quelques semaines avant. J'étais fort déçue. Et agacée : on m'a remboursé le billet, mais pas les frais de réservation.

J'ai raté Jean Ferrat, que j'aimais énormément. J'avais absolument tous ses disques. Je guettais son retour sur scène. Mais je l'ai découvert trop tard, et il ne chantait presque plus.

Bien entendu, j'ai raté Georges Brassens, et Jacques Brel. En fait, il serait plus court de faire la liste des chanteurs que j'ai vus sur scène : Renaud, quatre ou cinq fois, et Barbara, une fois. Et c'est tout. Jusqu'ici, je n'ai même pas encore vu une seule fois "en live" Jean-Jacques Goldman, qui est pourtant très bien placé dans mon hit-parade personnel.
(Ah oui, je vous avais bien dit que ma connaissance de la chanson française n'était pas des plus modernes. Mais on m'a offert quelques disques à Noël : ça devrait s'arranger).

J'ai même raté Guy Bedos ! Oui, je suis consciente que ce n'est pas un chanteur. N'empêche que quand, à Noël, j'ai vu qu'il montait sur scène pour la dernière fois, j'ai voulu voir s'il y avait encore des places, mais c'était trop tard. Je m'en veux encore.

Du coup, quand j'ai lu dans Le Monde, il y a trois ou quatre jours, qu'Anne Sylvestre allait donner un concert pendant trois jours à Paris, à 79 ans, je n'ai pas hésité. Cinq minutes plus tard, j'avais pris une place pour le dimanche après-midi, la seule date possible pour moi.

Donc voilà, j'ai vu Anne Sylvestre. N'ayant que quatre albums d'elle (parmi sa discographie pour les adultes, je veux dire), et pas le dernier en date, je ne connaissais pas la plupart des chansons qu'elle a chanté, mais sa voix est si claire et les arrangements si discrets qu'on comprend tout ce qu'elle dit, donc ça ne m'a pas gênée, au contraire : j'ai eu le plaisir de la découverte. Il y avait des chansons drôles, des chansons tristes, des chansons énervées. Et puis des chansons émouvantes, aussi. Celle qui m'a le plus émue personnellement était Les rescapés des Fabulettes, parce que même si j'apprécie énormément son écriture et son talent dans ses chansons pour les adultes, Anne Sylvestre, pour moi, c'est d'abord – chronologiquement, du moins – quelqu'un qui parle d'un petit sapin au milieu de grands arbres, d'un square avec un toboggan, d'une maison pleine de fenêtres, d'un bel escalier, de pommes rouges vertes ou bleues, d'un balayeur de ruisseau, d'un bateau qui s'appelle Étoile, d'une île pour y vivre tranquille...
Moi j'étais celle qui soulève
Des questions à poser aux grands
Je disais que c'étaient les rêves
Qui faisaient grandir les enfants
Aussi faudrait pas qu'on se moque
S'ils viennent me voir un beau jour
Faire signer la pochette en loques
D'un bien-aimé 45 tours
Quand à présent je les regarde
En les voyant si lumineux
Je souhaite que toujours ils gardent
Cette étincelle dans les yeux
Mon seul regret, c'est qu'elle n'ait pas chanté Une sorcière comme les autres, peut-être ma préférée. Mais je suis vraiment heureuse d'être allée dire mon admiration à cette grande dame et la remercier de tout ce qu'elle m'a donné, dans mon enfance ou plus tard. Merci, Anne Sylvestre.

1 commentaire:

  1. tu m as donnée envie de réécouter un disque
    et j'ai adoré, tout m'est revenu naturellement en tête alors que je ne l'avais pas entendu depuis...euh voyons?? 20 ans?? au minimum
    tata

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