jeudi 2 janvier 2014

La Belle et la Bête et les comédies musicales

Je vous ai récemment parlé de mon amour pour les "grands classiques" Disney, en particulier ceux postérieurs à La Petite Sirène, avec une histoire d'amour qui finit bien (donc pas Pocahontas), des héros humains (donc pas Le Roi Lion) et plein de chansons. Logiquement, donc, La Belle et la Bête fait partie de mes préférés.

 Quand je suis allée visiter Londres pour la première fois, il y a une quinzaine d'années, j'ai découvert qu'un théâtre présentait une version scénique de ce dessin animé. A l'époque, je n'avais jamais vu de comédies musicales ; je ne savais même pas ce que c'était, ou presque, ce qui ne m'empêchait pas, en bonne lectrice de Télérama, d'en penser le plus grand mal. Mais la demi-minute d'extraits que j'ai vue à l'office du tourisme m'a beaucoup plu, et j'ai donc déboursé une somme astronomique pour aller le voir avec l'amie qui m'accompagnait et le copain qui nous hébergeait pendant ces quelques jours.

Coup de foudre.

Pas pour le copain, si sympathique fût-il. Ni pour La Belle et la Bête : j'avais déjà vu le dessin animé au moins trente fois, donc on peut dire que j'étais déjà amoureuse. Mais pour les comédies musicales en général. Moi qui ai toujours beaucoup aimé le théâtre, y compris très classique, voir juste sous mes yeux ces acteurs évoluer dans un décor souvent extraordinaire, chanter en direct, danser parfois, ça a été une révélation. Comment l'expliquer ? C'est comme aller voir votre chanteur préféré sur scène. Sa voix sera peut-être moins bonne que dans le CD, il y aura peut-être même des faux pas ou des fausses notes, et sauf si vous être incroyablement bien placés, vous le verrez nettement moins bien que sur votre écran chez vous, mais il y aura quelque chose, une magie, une présence physique, un lien, un charme que vous n'aurez jamais ressenti. Alors imaginez si, en plus, il ajoute des chansons que vous ne connaissez pas déjà par coeur...

La Belle et la Bête, c'était ça. Tout à coup, les personnages ont pris vie sous mes yeux. C'était une vraie jeune femme qui vivait cette histoire devant moi. Ses chansons, elle les chantait pour de vrai, accompagnée par un vrai orchestre. Et tout ce qui était fastoche dans un dessin animé – les transformations magiques, les chorégraphies, les décors grandioses – devenait une prouesse.
Un coup de foudre, je vous dis.

Depuis, j'ai vu des dizaines d'autres comédies musicales pendant les deux ans et demis passés à Londres. Et j'ai acheté le CD de celle-ci, ma première, pour avoir aussi les nouvelles chansons ajoutées à celles du dessin animé. C'est même ce CD-là que j'ai écouté la nuit de mon premier accouchement, au début, avant que la douleur ne m'empêche de me concentrer sur quoi que ce soit.

Cette longue introduction pour vous dire que l'autre jour, je suis allée avec mes deux sœurs voir la comédie musicale de La Belle et la Bête, enfin arrivée en France, au théâtre Mogador, à Paris. J'étais ravie de partager ça avec elles, et de montrer à la plus jeune (douze ans) ce que c'était qu'une comédie musicale, puisque je lui en avais tant parlé. J'avais juste peur d'être déçue. Ces spectacles exigent des décors très coûteux (ce qui est moins gênant à Londres, où ils peuvent rester des années à l'affiche), des grands théâtres, des acteurs sachant à la fois à chanter et danser (ce qui est bien plus rare en France que dans les pays anglo-saxons), une fosse d'orchestre... Des ingrédients difficiles à réunir, et qui, ajoutés à la quantité incroyable de répétitions qu'exigent les chorégraphies, justifient largement le prix du billet. J'avais peur que le spectacle ait été raccourci, que les acteurs soient moins bons, que les décors soient moins beaux, bref, qu'on perde 50% du charme de l'original...
Je serai franche : il y a un peu de perte, en effet. Mais plutôt 15 à 20%, pas plus. L'introduction est racontée sous forme de livre, comme dans le dessin animé, alors qu'à Londres, c'était déjà en trois dimensions. La scène est un peu moins grande, mais ce n'est pas gênant. Les acteurs sont un peu moins nombreux, mais ils se donnent à fond, même les "figurants" qui méritent tous cinq étoiles pour leur énergie et leur talent. Les chorégraphies sont formidables, impressionnantes, géniales. Les décors sont splendides.
Parmi les acteurs principaux, j'ai été particulièrement enchantée par Belle, vraiment exceptionnelle, et Gaston (exactement le physique de l'emploi, et il a une voix tellement magnifique que quand il a chanté "Aux armes, tous avec moi !", j'étais à deux doigts de prendre une faux et de monter sur scène pour aller tuer la Bête avec lui...). Quant aux chansons, ce sont les mêmes qu'à Londres, et les arrangements, adaptations et dialogues aussi : là-dessus, pas de surprise pour moi, mais un vrai bonus pour ceux qui ne connaissent que le dessin animé.
(A ce sujet : ma soeur craignait que les paroles des chansons aient été changées ; elle m'a dit que ça avait été le cas pour la comédie musicale du Roi Lion. Heureusement, pas cette fois. En revanche, les dialogues ont été retraduits ; ils ressemblent de très près à ceux de la VF du dessin animé, mais avec des petites différences du début à la fin. J'ignore pourquoi. Des questions de droits, sans doute...)

Aucun regret, donc. Au contraire, la joie d'avoir passé un excellent moment, et l'espoir que ce ne sera pas le dernier, et que d'autres comédies musicales ayant fait un tabac outre-Manche ou outre-Atlantique débarqueront peu à peu chez nous. Certes, j'aurais un prétexte de moins pour aller à Londres de temps en temps, mais ce sera moins loin !


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire