mercredi 16 novembre 2011

Je hais les bébés !

Moi j'aime pas les bébés.
Ce n'est pas une blague, ni une pose, comme celle du Papa de Sigmund. Non, c'est vraiment vraiment vrai. Je n'aime pas les bébés. Beurk. Pouah. Pff.
"Mais alors, pourquoi es-tu en train d'en pondre un quatrième ?" me demande-t-on avec un certain ahurissement et plus ou moins de tact quand je fais cette déclaration.
A cela, il y a deux réponses : une réponse simple, et une réponse complexe.
- La réponse simple, c'est que j'aime bien les enfants. Le Grand, là, tel qu'il est, avec tous ses défauts, ses râleries, ses impertinences, sa façon de jouer les mouches du coche, ses colères, eh  ! bien, je l'apprécie vraiment. J'aime discuter avec lui, même si – ou peut-être justement parce que – sa maîtrise de la rhétorique devient de plus en plus redoutable. J'aime ses découvertes, son enthousiasme. J'aime sortir avec lui, passer du temps en sa compagnie. (Mais bon, ne vous avisez pas d'aller le lui dire, hein !)
- La réponse complexe, je ne la connais pas. Soyons sérieux, si vous avez des gosses, pouvez-vous me jurer, là, entre quatzyeux, que vous savez pourquoi vous en avez eu ? Non mais sans rire, faites une liste des avantages et des inconvénients de fonder une famille, et allez vous pendre avec le fil de votre souris (si vous avez opté pour du matériel wireless, débrouillez-vous). Il n'y a quasiment aucune raison valable pour faire des enfants, et plein d'excellents arguments contre. Donc voilà, instinct, peur de la mort, inconscience, désir d'être aimé, tout ça tout ça, je ne sais pas. Dans mon cas, soyons franche, ce doit être aussi pour avoir un maximum de gens à commander. Hum.

Bref, je n'aime pas les bébés. Et je vise large, j'englobe dans cette catégorie les "toddlers", comme disent les anglais. Je parle de ces petits machins incapables de s'autogérer, incapables de s'occuper tous seuls, et surtout incapable de s'exprimer et de raisonner. Normalement, on n'est pas censé avouer ça quand on est une femme. Ce n'est que de la part des hommes qu'il est admis de dire "Bof, moi vous savez, c'est seulement vers trois ou quatre ans qu'ils commencent à m'intéresser". Mais maintenant que j'ai compris ça, je ne me prive plus de le dire.
Je me souviens encore du jour où, en me promenant et en devisant avec le Grand, qui devait avoir quatre ou cinq ans, je me suis dit brusquement "Ah ouiiiiii, voilàààààà, c'est pour ÇA que je voulais avoir des enfants, ça me revient, maintenant !". Parce que pendant toutes ces années, en voyant avec ahurissement mes collègues de bureau mettre la photo de leurs gosses en fond d'écran, en les entendant dire qu'elles ne travaillaient pas le mercredi "pour profiter de leurs enfants", et en constatant que moi-même, moins je le voyais, plus j'étais épanouie, j'ai cru qu'il me manquait une case. Il m'en manque peut-être vraiment une, d'ailleurs, mais maintenant, au moins, je sais laquelle.

Non mais sans rire, tous ceux qui trouvent ça "mignon" et, pire encore, "intéressant", il faut qu'ils m'expliquent. Intéressant, d'empiler des cubes ? Oui, trois minutes, à la rigueur. Mignon, ce petit bonhomme qui braille pour un oui pour un non ? Vous trouvez ? Ou alors, vous n'êtes que des faux-jetons, et comme tout le monde, vous ne trouvez les bébés mignons que quand ils ne remuent pas ou mieux, quand ils dorment. Dans ce cas, autant s'acheter un baigneur, hein.
[OK, le paragraphe qui précède a été écrit sous le coup de la fatigue et de la colère. Bien sûr que c'est super quand ils t'apportent pour la première fois leurs chaussures pour te signifier qu'ils veulent sortir, et qu'ils sont adorables quand ils minaudent devant la glace ou essaient maladroitement d'apprendre à sauter en ne décollant que d'un pied. Bien sûr que je craque quand ils plaquent leur main sur leur bouche, croyant m'envoyer un bisou. Et même moi, je suis parfois contente de les revoir en arrivant à la crèche. Mais dans l'ensemble, il y a moins de moments de grâce que de moments de lassitude, d'ennui ou d'exaspération.]

Hier soir, j'étais complètement déprimée. Les deux Things ont refusé leur purée préparée avec amour fait maison avant même de la goûter. Chacun exigeait d'être dans mes bras, et d'y être seul. Ils pleuraient tout le temps. Oui, je sais, ce n'est pas leur faute. Ils sont encore un peu malade, ils étaient fatigués, et ils ne savent même pas eux-mêmes ce qu'ils veulent ; comment pourraient-ils me le dire ? Je ne prétends pas le contraire. Je ne leur en veux pas. N'empêche que je trouve ça insupportable. Vous allez peut-être trouver ça choquant, mais ça me met parfois dans une telle rage que j'ai envie de hurler ou de casser quelque chose. Je vous rassure, je me retiens toujours. Au pire, je me mords le poing. Et je réessaie, inlassablement, de consoler. De comprendre. D'apaiser. Mais intérieurement, je me demande comment je vais tenir comme ça pendant des mois, des années. Et surtout, comment je vais supporter d'en avoir trois à la fois. Au secours !

Ce long préambule était l'introduction nécessaire pour la petite annonce qui va suivre :

Loue ensemble ou séparément deux gamins de dix-neuf mois, physiques superbes, caractères bien trempés, vitalité indiscutable, intelligence vive. Durée du bail : un an, renouvelable une fois. Possibilité d'en obtenir un troisième en avril 2012. Écrire au blog, qui transmettra.


PS : L'autre jour, ma mère :
— Et que feras-tu quand tu auras trois adolescents en même temps, hein ?
Elle a raison. Je déteste les adolescents. Mais pas autant que les bébés, je crois. C'est ce que je lui ai dit :
— Ah, mais au moins, avec les ados, on peut communiquer. On peut se disputer. On peut crier !
Darling a eu l'air effrayé. Je me demande bien pourquoi ?

3 commentaires:

  1. Alors je dois dire que je suis assez d'accord avec vous jusque 6- 9 mois. jusqu'à ce qu'ils tiennent assis en fait (c'est peut être l'effet twins?) les miens ont deuzans là et je trouve ca canon. de les voir jouer ensemble, de les voir être de plus en plus autonomes pour peut qu'on leur laisse essayer (et un peu de temps...) ils commencent à discuter et à nous raconter des trucs (qui a dit en boucle?)
    en fait ce que je trouve juste hallucinant c'est de réaliser tout ce dont mes deuzans sont capables de faire. Tout ce qu'ils ont acquis en finalement si peu de temps. il y a deux ans j'avais deux micronains dans les bras. Qui ne savaient faire qu'une seule chose (à part dormir et remplir leurs couches) c'est téter. Finalement tout part de là et moi ça m'émerveille. J'y pense à chaque fois que je construit une tour de cubes...

    Du coup bon vu que j'ai du mal les 9 premiers mois je peux concevoir qu'on puisse avoir du mal plus longtemps :-)
    Par contre c'est vrai qu'on me regarde toujours un peu bizarre quand j'ose dire que les premiers mois je trouve ca... plus pénible qu'autre chose! (non mais c'est parce que tu as eu des jumeaux que tu dis ca tu verras avec le 3ème... qu'on me dit, eh ben j'attends de voir, c'est pour bientot d'ailleurs...)

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  2. J'ai bien dit qu'il me manquait une case ! C'est vraiment plus traditionnellement un truc d'homme, de dire "j'aime les enfants à partir de 3-4 ans", mais c'est bien mon cas. Cela dit, je vous rassure, je ne suis pas toujours aussi découragée que quand j'ai écris ce texte, heureusement.

    Quoiqu'il en soit, je suis contente de voir que je ne suis pas la seule cinglée à me risquer à préparer un troisième alors que les deux premiers ne sont pas encore "finis" ! Merci !

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  3. Eheh!! Pareil!! Non parce qu'au boulot les gens se demandent (et me demandent si c'est un "accident") ma grand mère est désespérée pour moi "Ma Pauvre tu vas avoir du travail!" Nous on est juste heureux... (et heureusement qu'il y a quand même quelques personnes au milieu de tout ça qui se réjouissent sincèrement pour nous!)

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