jeudi 23 janvier 2014

Alors voilà...

Alors voilà, on traduit des bouquins à longueur de temps, on relit des épreuves à l'heure du déjeuner, et dans les transports ou pendant le brossage de dents, on lit des romans pour lesquels on doit faire des fiches de lecture ; du coup, quand on décide de prendre deux heures de temps libre, une fois par semaine, on choisit plutôt de regarder un film pour améliorer un peu sa culture cinématographique.
Et puis un soir, on est entre deux romans-en-attente-de-fiche-de-lecture, alors on prend quelque chose sur sa PAL ("pile à lire", pour les non-initiés), une PAL qui, forcément, ne bouge pas beaucoup de mois en mois, et dans laquelle se trouvent des bouquins qui attendent depuis plusieurs années, parce que décidément, non, on n'a plus l'occasion de lire "pour le plaisir", plus le temps*. On prend un bouquin, donc, juste pour lire en se lavant les dents (on ne peut pas se permettre de perdre une minute – alors trois, pensez !), et éventuellement dix minutes avant de dormir.

Et on plonge. Dans un univers inconnu, un hôpital, avec un jeune interne qui voit toutes sortes de personnes défiler aux urgences, et qui raconte des histoires, parfois tristes, parfois émouvantes, souvent drôles. Le temps passe, on oublie complètement qui on est, où on est, comment on s'appelle ; on est là-bas, on est lui, ce narrateur, cet interne qui vit une vie tellement différente, tellement lointaine. On sourit, on rit, on a les yeux qui pique, on tourne une page après l'autre. Et quand enfin on arrive au dénouement, à cette dernière tristesse, puis cette dernière joie, cette dernière histoire, celle de la vie, on pose enfin le livre.
Et on s'aperçoit qu'il est trois heures du matin.
Cette nuit, c'était Alors voilà, les 1001 vies des urgences, de Baptiste Beaulieu.
La fois précédente, c'était Hunger Games.
Et avant, il y a eu Daniel Pennac, Alexandre Dumas, J.K. Rowling, Arthur C. Clarke, et bien d'autres encore.

On le paie, bien sûr. En éteignant la lumière, on calcule le nombre d'heures qui reste avant le matin, et on se traite de tous les noms. On a du mal à s'endormir, car on a raté le train du sommeil. On se lève au radar quand le réveil sonne, à 6h45. On bâille toute la journée. Mais pendant quelques heures, on est parti, vraiment loin, très très loin, à tel point qu'on ne savait même plus d'où on était parti ; on a voyagé sans quitter son lit, et surtout, on se rappelle pourquoi on passe ses journées à traduire des bouquins, relire des épreuves, faire des fiches de lecture :
parce qu'on aime les livres.

* Mais "le temps de lire est toujours du temps volé." Daniel Pennac, Comme un roman.

PS : Le blog de Baptiste Beaulieu est ici.

2 commentaires:

  1. Rhôôô, c'est malin, ma PAL mesure déjà 3 mètres de haut et tu m'as donné envie d'y ajouter ce livre !
    Pour en revenir au manque de temps pour la "lecture-plaisir", c'est entre autres pour ça aussi que je ne rédige plus de fiches de lecture (sans compter que, pour le temps que ça demande si on fait les choses sérieusement, c'est vraiment, vraiment très mal payé). J'en ai fait pendant quelques mois pour un éditeur jeunesse et, en effet, je n'avais plus le loisir de lire pour moi, alors que c'est une de mes activités favorites...

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  2. Rhoo, c'est malin bis ! Je viens de passer une heure à lire le blog de Baptiste Beaulieu... au moins...

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