vendredi 5 avril 2013

EDF et la goujate automatique

Je téléphone à EDF pour avoir l'électricité dans ma nouvelle maison. Bien entendu, cela commence par une conversation avec une dame automatique. Après m'avoir débité que cette conversation allait me coûter très cher, elle commence à me donner des ordre (je vous mets l'intégralité de son discours, y compris les passages implicites mais évidents) :
— Votre appel concerne-il votre appartement parisien à telle adresse ? Si oui, tapez un, sinon, tapez deux.
— Non. Je veux dire, deux.
— Hum, ça c'est bizarre, c'est pourtant le numéro de téléphone qui correspond. Merci de taper votre numéro client à dix-sept chiffres qui se trouve sur votre facture. Si vous ne l'avez pas sous la main, vous êtes une andouille, mais vous pouvez taper dièse pour mettre cette conversation en pause. Si vous n'avez pas accès à votre numéro client, tapez étoile.
— Je ne suis pas une andouille, j'ai mon numéro. Le voici.
— Ha ! Je vous ai reconnue. Votre appel concerne bien votre logement à telle adresse ! Si oui, tapez un, sinon, tapez deux.
— Je vous dis que deux !
— Il y a quelque chose qui cloche dans tout ça. Merci de retaper votre numéro client à  dix-sept chiffres. Si vous voulez aller le chercher, tapez dièse. Si vous n'avez pas accès à votre numéro client, tapez étoile.
(Je sens venir le cercle vicieux. On va finir par me laisser parler à quelqu'un de vivant, oui ou non ?)
— Étoile.
— Si votre appel concerne un déménagement, tapez un. Si votre appel concerne...
— Un ! Vous voyez bien que ça ne concernait pas mon appart à telle adresse. Crétine !
— Inutile d'être grossière et de me couper la parole. Si votre nouveau logement est chauffé au gaz, tapez un. S'il est chauffé à l'électricité, tapez deux. Dans tous les autres cas de figure, je ne peux rien pour vous.
— Un, mais je peux aussi le dire à un vrai être humain ? S'il vous plaît ?
— Merci de taper le code postal de votre nouveau logement.
J'obéis, encore. Elle me pose deux ou trois questions supplémentaires, puis prononce enfin la phrase tant attendue :
— Ne quittez pas, je vais mettre fin à votre supplice et transférer votre appel à un opérateur.
Dix minutes d'attente, musique horrible, annonces tarifaires, conseil d'aller voir leurs offres sur leur site, etc. Enfin, quelqu'un décroche. Alléluia !
— Allô, bonjour, ici Nadine, que puis-je faire pour vous ?
— Eh ! bien, comme je l'ai déjà dit, enfin, tapé, je vais déménager.
— D'accord. Pouvez-vous me donner le code postal de votre nouveau logement, s'il vous plaît ?
Non mais l'autre crétine automatique, là, elle a pris des notes ou elle me faisait taper juste pour me faire passer le temps ?
Je redonne le code postal.
— Avez-vous déjà un compte chez nous ?
— Pour l'appartement où j'habite actuellement, oui, bien sûr.
— Merci de me donner votre numéro client.
Je reste calme. Je dicte les 17 chiffres. Elle me fait attendre une minute, puis :
— Ah, vous êtes sur l'ancien logiciel. Je ne travaille qu'avec le nouveau logiciel. Je vais vous transférer à mes collègues.
— Heu... bon, d'accord.
Musique d'attente. Annonces tarifaires. Musique d'attente. Conseils idiots. Musique d'attente. Publicité pour le site internet. Musique d'attente. Plusieurs minutes plus tard, une voix prend la parole. Mais pas une vraie voix d'un vrai humain. C'est l'autre bonne femme automatique qui m'annonce, avec une jubilation non dissimulée :
— Je suis désolée, le transfert n'est pas possible.
Et sans un mot d'adieu, elle raccroche.


Au fond, est-ce que j'ai vraiment besoin d'avoir l'électricité, là-bas ?



3 commentaires:

  1. Super et tu as dépensé une mensualité EDF juste pour qu'ils te raccrochent au nez... Sinon, t'as essayé par email? Je ne leur téléphone plus du tout maintenant. Vivement qu'on déménage pour que je puisse goûter moi aussi aux joies des voix automatiques et des démarches administratives recommencées cinquante fois...

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  2. Ecoute, j'ai rappelé dans la foulée, parce que je me suis dit que sinon je n'aurais pas le courage de réessayer avant plusieurs semaines, et j'ai eu de la veine : je savais quoi taper avant même que l'autre abrutie automatique n'ouvre la bouche, et ensuite je suis tombée sur quelqu'un de très aimable et compétent qui m'a recréé un compte avec le nouveau logiciel, pour simplifier les choses. Avantage collatéral, mon numéro de client n'a plus que dix chiffres.
    Heureusement qu'il y a aussi des gens qui connaissent leur boulot !

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  3. Je me rappelle le jour où j'ai eu un être humain au téléphone de "Pôle-emploi". C'est possible!
    (j'ai mis longtemps à obtenir le code identifiant à pleins de chiffres)

    Tu n'as eu envie de frapper personne? Tu es une sainte.

    Je note ton astuce de "réssayer dans la foulée, avant que tout courage se dissipe pour plusieurs semaines.

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