jeudi 7 juin 2012

Papa-Longues-Jambes

Je vais vous parler aujourd'hui d'un autre roman lu, relu, relu et encore relu dans mon enfance : Daddy-Long-Legs, de Jean Webster, paru en 1912 (disponible chez Folio Junior, sous le titre Papa-Longues-Jambes, traduit par Michelle Esclapez).
C'est donc un autre roman américain du tournant du siècle, avec une héroïne à laquelle on s'identifie volontiers, des bons sentiments, et une fin heureuse, comme Pollyanna, Les quatre filles du docteur March, et bien d'autres encore. Mais celui-ci a une particularité : c'est un roman épistolaire.

Judy, 17 ans, est orpheline, et n'a jamais connu que les murs du foyer où elle a grandi. Elle ignore tout du monde, n'a jamais vu de reproduction de la Joconde et n'a jamais entendu parler de Sherlock Holmes. Pourtant, elle a une bonne dose d'humour, une plume alerte, et une grande envie de croquer la vie à pleines dents. Aussi, quand un généreux bienfaiteur anonyme décide de financer son instruction à l'université, elle saute de joie, et accepte volontiers ses deux conditions : ne jamais tenter de faire sa connaissance, et lui écrire au moins une fois par mois sans en attendre de réponse.
Après un premier chapitre fort court, c'est cette correspondance à sens unique, qui s'étale sur trois années, que l'on découvre dans le roman. Judy nous raconte sa vie, ses nouvelles amitiés, ses belles robes, la chambre qu'elle partage avec deux filles qui ignorent tout de son passé, ses leçons, ses lectures, et surtout son ambition de devenir auteure et son intérêt croissant envers le jeune oncle d'une amie à elle...
Plus que par son histoire, et même plus que par son atmosphère ou ses personnages, c'est par son style que se distingue ce roman. Judy écrit des lettres longues ou courtes, avec des listes bien ordonnées ou des longues phrases, colériques ou pleines de bonne humeur, avec un charme et une naïveté inégalables. Celles-ci sont en outre agrémentées d'illustrations naïves, de l'auteure elle-même. A la fin de la lecture, on a envie 1) de vivre dans un pensionnat ; 2) d'entretenir une correspondance hebdomadaire avec Judy (ou de lui conseiller d'ouvrir un blog) ; 3) d'écrire un roman épistolaire...
Et surtout, on a envie de le relire... ce que je vais faire très vite !

Quelques mots encore :
- Une "suite" a été écrite trois ans plus tard, Dear Ennemy. C'est également un roman épistolaire avec une histoire d'amour qui se termine bien, mais la narratrice n'est plus la même : il s'agit de Sally, la meilleure amie de Judy, qui entre dans la vie active. Un roman agréable, quoique bien moins drôle et piquant que l'autre, du moins à mon avis (mais ça doit être un avis très largement partagé, car il n'a connu en aucune langue un succès comparable au premier).
- Plusieurs adaptations ont été réalisées, dont l'immanquable comédie musicale avec Fred Astaire et l'immanquable dessin animé japonais. L'histoire n'est pas exactement la même, mais c'est tout ce que je peux vous dire à leur sujet, car je ne les ai pas vues. Je pense cependant qu'adapter un roman épistolaire, donc en lui ôtant tout son sel (les lettres), c'est encore plus dommage qu'adapter un roman "classique"...


Je ne suis pas la seule à avoir apprécié ce livre, et peut-être pas la seule à qui il a donné envie d'écrire (fût-ce sous la forme d'un blog, les correspondances à base d'encre et de papier se faisant de plus en plus rares de nos jours !). Vous en trouverez donc d'autres critiques sur quelques autres blogs, par exemple ici :
Mon jardin de minuit
ou ici :
Persephone and the Cheshire Cat

5 commentaires:

  1. Peux tu me dire à partir de quel âge on peut le lire?

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  2. C'est bizarre, j'ai reçu un email me signalant un commentaire sur ce billet, et il n'est plus là !

    Quoiqu'il en soit, je réponds à la question qui m'était posée : je pense qu'on peut lire ce livre vers dix ans (comme d'habitude, ça dépend du lecteur !).

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  3. Je crois qu'elle est longue, la liste des livres qui me faisaient regretter de ne pas être interne, comme Trois petites Américaines, de Jean Webster également.

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  4. Oh, tu l'as lu ? Il est bien ? Dois-je le commander, ou serai-je déçue après celui-ci ?

    Oui, les livres qui vous font regretter de ne pas être interne sont nombreux, comme Puck, Harry Potter, et bien d'autres !

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  5. Tu vas être déçue, le ton n'est pas le même. Le récit est classique et les situations vieillottes, les anecdotes d'intérêt variable. Difficile en outre de s'identifier de prime abord à ces jeunes fille de la upper class américaine. Mais quand on aime le huis-clos des pensionnats et finalement les trésors d'inventivité que l'on déploie quand on a un champ d'action limité, le livre reste assez frais. Pas de misérabilisme comme chez Princesse Sarah, mais des filles au caractère volontaire et un ton résolument optimiste.

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