mardi 10 novembre 2015

Le Grand et la messe

Aujourd'hui avait lieu la cérémonie religieuse avant l'enterrement de ma grand-mère. Cela faisait des années que je n'étais pas entrée dans une église dans un but autre que touristique : depuis l'enterrement de mon autre grand-mère, en fait, et avant ça, depuis qu'elle n'était plus en état d'y aller elle-même et donc de m'y traîner. J'ai proposé au Grand de nous accompagner, et il a accepté très volontiers (pensez donc, ça lui faisait rater les cours).

D'abord, le prêtre a demandé des volontaires parmi les membres de la famille. Je me suis approchée, mais quand on m'a tendu une petite corbeille, j'ai soupiré.
— Franchement, faire la quête pour la richissime église catholique, ça me pose un cas de conscience, ai-je plaisanté avec Darling.
— Tu n'as qu'à demander au Grand de le faire. Lui, il n'a pas de conscience.
— Bonne idée. Mon Grand, quand le prêtre te fera un signe, tu passeras dans les rangs avec ce petit panier pour que les gens donnent de l'argent.
— C'est vrai ? Et je pourrai le garder, après ?

Puis il y a eu le début de la messe. Au nom du père, du fils, et du saint-esprit... Le Grand m'a observée, et m'a imitée. En miroir.
— Pst, mon chéri, si tu fais le signe de croix à l'envers, c'est un symbole satanique.
— Un symbole de quoi ?
— Du diable.
— Ah, zut, c'est embêtant.

Puis il y a eu le sermon. Longuet, il faut bien l'avouer. Mais à la fin, le Grand, très poli, a levé les mains. Heureusement, il a interrompu son geste en remarquant le silence environnant.
— On n'applaudit pas ?

Puis il y a eu la cloche, au moment où le prêtre lève l'hostie. Le Grand a visiblement sursauté. Il ne s'y attendait pas. Il ne me l'a pas confirmé, mais je mettrais ma main à couper qu'il a cru qu'un retardataire venait de sonner à la porte.

Puis il y a eu la communion. Les gens se sont avancés.
— Je peux en avoir aussi ?
— Non, tu n'es pas baptisé.
— Mais j'ai faim !
— Ce n'est pas ça qui te nourrira. Pas physiquement, en tous cas. L'hostie ressemble à du papier, tu sais, un peu comme les feuilles blanches qui entourent les plaques de nougat...
— Ah bon ? Mais le prêtre vient de dire que Jésus avait dit que c'était du pain !

(C'est décidé, désormais, j'emmènerai mes enfants à la messe de temps en temps. Disons, une fois par an. A partir d'un certain âge. Histoire de compléter leur éducation.)

6 commentaires:

  1. Oh là là, tu me fais rire !!!
    Le moment devait être plein d'émotion, mais difficile de garder son sérieux face à un Grand qui veut commettre sacrilège sur sacrilège...

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  2. Il doit être un peu déçu, du coup? On doit donner de l'argent, on n'applaudit pas, on a faim, et en plus on prend le risque d'invoquer un démon auquel on ne songeait même pas avant d'entrer.
    Les Things sont déjà allés à la messe. Ils ne s'en souviennent pas, mais le curé doit s'en souvenir, lui. Et ça lui fait les pieds.

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  3. Purée, moi aussi,... j'ai ri !
    Et dire que mes jumelles sont dans une école privée catholique... et qu'elles vont donc surement avoir droit à une messe... Dois-je les préparer ? Ou à 5 ans, tout sacrilège passe ?

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  4. La messe, là où on apprend que Jésus fond dans la bouge, pas dans la main. *

    * (vieille pub pour les M&M's)

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  5. Je suis gauchére, j'ai toujours fait mon signe de croix à l'envers, ça n'a jamais choqué personne. La spontaneité peut aussi entrer dans l'eglise

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  6. Mais le signe de croix de droite à gauche, c'est tout simplement la manière de faire des orthodoxes, pas besoin d'aller traumatiser ton Grand, voyons ! :-)

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