lundi 23 novembre 2020

Variantes de la lecture à la lampe de poche

 Au dîner, nous discutons de la bonne vieille technique de lire avec une lampe de poche sous ses draps. Je raconte :


— Moi, quand j'étais petite, je n'avais pas de lampe de poche, et de toute façon je trouve qu'on étouffe très vite sous les draps... Alors j'avais trouvé une autre tactique. Il faut savoir que j'avais des rideaux épais, pas des volets. Et comme vous le savez, nous étions au deuxième étage, et nos fenêtres donnaient sur un grand carrefour, bien éclairé. Du coup, quand mes parents m'avaient dit bonne nuit et avaient éteint la lumière, je me relevais, et j'allais me glisser entre les rideaux et la fenêtre, et je lisais comme ça, debout, dos à la vitre, à la lueur des lampadaires de la rue.
— Oh là là, ça ne devait pas être très confortable ! dit Mr Thing Two.
— Non, surtout que j'y passais parfois des heures. Mais il y avait surtout un autre inconvénient...
— Lequel ?
— Tiens, viens ici. Colle-toi dos à la fenêtre, comme ça. Qu'est-ce que tu sens ?
— Il fait froid !
— Exactement. On n'avait pas de doubles vitrages, comme ici, donc en hiver, il y avait même parfois du givre sur la vitre. J'ai souvenir d'avoir terminé un nombre incalculable de Fantômette ou d'autres romans à minuit passé en grelottant... Je me demande combien de rhume je me suis pris, comme ça !
— J'imagine si Mouna t'avais surprise comme ça ! dit le Grand.
— C'est arrivé, une fois. Elle est entrée dans ma chambre pour je ne sais quelle raison, et elle s'est rendu compte que je n'étais plus dans mon lit...
— Oh là là ! Et qu'est-ce que tu as dit ? demande Miss Thing One.
— Je te vois très bien en train de bredouiller "Euh, je voulais juste regarder la rue..." s'amuse le Grand.
— Ben voilà, c'est à peu près ce que j'ai dit, et elle ne m'a pas cru une seconde, et elle n'était pas contente !
— C'est pas une très bonne technique, conclut le Filou.
— Ben oui, mais à son époque, elle avait sûrement un réveil à aiguilles, et pas un réveil électronique ! explique le Grand.
— ... ?
— Elle ne pouvait pas juste régler sur la luminosité maximale, le prendre dans sa main et lire avec cette lumière, continue-t-il.
Puis il voit mon expression estomaquée :
— Sérieux, tu savais pas ?
— Non mais on le fait pas souvent du tout, maman ! me jure Miss Thing One. Seulement quand tu nous empêche de finir notre page, c'est tout, je t'assure !


Moralité : un enfant qui veut finir son chapitre sera toujours plus malin que le parent qui veut l'en empêcher.

(J'y CROIS PAS que ça ne m'était même pas venu à l'idée !)


7 commentaires:

  1. bah ils se sont sentis en confiance.... moi je préfère ne pas savoir comme tu le dis s'ils veulent finir ils finiront!

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  2. (Je me permets de te tutoyer)

    Pourrais-tu continuer à nous raconter d/tes histoires ? Ca m'a manqué !

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  3. Mes frères et moi (peut-être aussi ma grande soeur que j'ai longtemps prise pour une sainte mais qui, finalement, ne l'était peut-être pas tant que ça) avions une technique pour dissimuler le livre que nous lisions, au lieu de faire nos devoirs, quand ma mère entrait dans la chambre. Le livre reposait sur le bas de la cuisse, il suffisait de relever la cuisse et de coincer ainsi le livre sous le bureau. C'était très inconfortable, surtout quand maman s'attardait. Ce qui arrivait souvent. Et pour cause, elle nous a avoué un jour qu'elle n'était pas dupe et qu'elle faisait intentionnellement durer ce petit supplice !
    Beaucoup plus tard, j'ai eu moi-même des enfants, une fille, grande lectrice, et un fils qui n'accrochait pas du tout à la lecture. Aussi, le jour où la femme de ménage est arrivée, les lèvres pincées (elle nous jugeait en permanence, heureusement qu'elle faisait bien le ménage), tenant un livre et une lampe de poche à la main et dénonçant le fait qu'elle avait trouvé ça sous l'oreiller de mon fils, j'ai simplement dit "ah, enfin !"

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  4. Hahaha, sacrés loulous ! Ils t'ont bien eue sur ce coup-là...
    (j'adore le "à son époque, elle avait sûrement un réveil à aiguilles"... On a vraiment l'impression d'être des dinosaures !!)

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  5. Moi,je lisais à la lueur du couloir que j'exigeais de laisser allumé "parce que j'avais peur" ! Mais tu as raison, s'ils veulent lire, ils liront et c'est tout le mal qu'on leur souhaite !

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  6. Somptueux ! (Et pendant ce temps, Fofo se disait que quand même, ils n'étaient pas très lecture, ces enfants...)

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